- œillade
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• 1493; de œil♦ Regard, clin d'œil plus ou moins furtif, de connivence. « d'une œillade discrète, il signalait à M. Nègre sa boutonnière » (Courteline). — Spécialt Clin d'œil constituant un appel, une invite amoureuse ou coquette. Lancer, jeter, décocher une œillade. Faire des œillades (cf. Jouer de la prunelle, faire de l'œil). « ces œillades incendiaires que l'Orient a léguées à l'Espagne » (Gautier).œillade [œjad] n. f.ÉTYM. Av. 1493, sens 2; de œil.❖1 D'une œillade (…) le général perça les coupables jusqu'au cœur, et en les regardant il les punit.2 Mod. Regard, coup d'œil plus ou moins furtif, de connivence. ⇒ Clin (d'œil); clignement. || Faire une œillade d'intelligence à qqn. ⇒ Cligner (de l'œil).2 Simplement, entre son pouce et son index, il pinça le revers crasseux de son veston, tandis que, d'une œillade discrète, il signalait à M. Nègre sa boutonnière, vierge de palmes.Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, VIe tableau, II.♦ Spécialt. Cour. Clin d'œil, coup d'œil constituant un appel, une invite amoureuse ou coquette. ⇒ Galanterie (→ Frôleur, cit. 2; méprisable, cit. 3). || Œillade assassine, hardie (→ Garce, cit. 2), incendiaire; œillade langoureuse, tendre, agaçante. || Lancer (1. Lancer, cit. 18), jeter, décocher (cit. 3) une œillade. || Faire des œillades (→ Jouer de la prunelle, des yeux…). || Elle lui a fait une œillade, il a une touche. — REM. Au XVIIe s., œillade pouvait s'employer dans le style noble, mais déjà Voltaire reprochait cet emploi à Corneille, assurant que le mot appartenait au style comique.3 Et ne permettons pas qu'après tant de bravades,Mon sceptre soit le prix d'une de ses œillades (de Cléopâtre).Corneille, Pompée, II, 4.4 La dame m'agaça longtemps par des regards où son amour était peint; mais, au lieu de répondre à ses œillades, je fis d'abord semblant de ne pas m'apercevoir de son dessein.A. R. Lesage, Gil Blas, VII, I.5 J'ai passé, durant tout un été, trois ou quatre heures par jour tête-à-tête avec elle, à lui montrer gravement l'arithmétique, et à l'ennuyer de mes chiffres éternels, sans lui dire un seul mot galant ni lui jeter une œillade.Rousseau, les Confessions, VIII.6 Elle (Musidora) cherche au fond de son arsenal l'œillade la plus assassine, le sourire le plus amoureusement vainqueur pour le lui décocher et lui percer le cœur d'outre en outre (…)Th. Gautier, Fortunio, I, p. 24.7 Lorsqu'une femme ou jeune fille passe près de vous, elle abaisse lentement ses paupières, puis elle les relève subitement, vous décoche en face un regard d'un éclat insoutenable, fait un tour de prunelle et baisse de nouveau les cils. La bayadère Amany, lorsqu'elle dansait le pas des Colombes, peut seule donner une idée de ces œillades incendiaires que l'Orient a léguées à l'Espagne; nous n'avons pas de termes pour exprimer ce manège de prunelles (…)Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 245.❖DÉR. Œillader.
Encyclopédie Universelle. 2012.